PARIS-ROCHELLE-DU CHAZAUD

Mardi 19 octobre 2010 // Artistes-biographies

TRIO : Laurent PARIS (grosse caisse au sol, percussions) / Pierre BERTAUD du CHAZAUD (clarinette basse et sib) / Laurent ROCHELLE (clarinette basse et sib) .
Intempérie#1
Round trio
Serempuy#1
Serempuy#2

Un atelier d’artistes que ce trio ! Des matériaux simples, de base, pour s’exprimer et se surprendre, laisser se construire notre musique que l’on ne connaît pas encore. Est-ce nous ou elle qui mène la danse ? Peu importe, on apprend toujours à ne pas connaître la fin. On échange, on change aussi, on construit avec nos outils qui s’accumulent avec le temps pour mieux se dissoudre sur le moment. Quelques mélodies pour porter le propos, le son que l’on veut généreux, spontané, vrai. Ce son qui arrive à nous et qui en sort, actuel, simple et proche des réalités sonores de notre quotidien.

Improviser c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour rester en vie …



PARU DANS LE CLOU DANS LA PLANCHE Le souffle et l’objet

Suite au concert du 29 octobre au MANDALA, Toulouse

Est ce nous ou elle qui mène la danse ?" – une question que se posent trois musiciens sans vraiment vouloir y trouver de réponse, privilégiant la sensation de frisson qui vous parcourt le bras lorsque l’inattendu d’une note surgit de nulle part, d’un inconscient improvisé. Laurent Paris (percussions) Pierre Bertaud (clarinettes) et Laurent Rochelle (clarinettes aussi) ont préféré, jeudi au Mandala, rester dans le doute, la belle incertitude qui empêche de jouer la musique de manière mécanique.

Le premier mot C’est celui de l’engagement. Une prise de parole décisive qui lancera une proposition sonore à exploiter, triturer, retourner dans tous les sens pour en extraire la sève musicale. Des émotions aussi humaines que l’agressivité, l’âcre opposé à la suavité, les personnalités multiples, les changements d’humeur. Le choix d’une musique exclusivement improvisée (ou quasiment) n’est pas une décision prise au hasard et encore moins synonyme de facilité. La démarche est tout autre et puise dans une eau conceptuelle qui veut la musique comme véritable, marginale pour conserver l’essence du son, l’intention primaire du musicien. C’est un peu comme le jeu du mot qui en provoque un autre, avec pour seule règle l’instantanéité, écartant la raison pour un temps. Ici, le trio explore le son et s’enveloppe d’une couche d’intuition, jouant le jeu avec ses oreilles, chacun partageant une découverte avec les deux autres pour construire une musique fragile – pour chaque concert, une expérience unique et mouvante.

Crac, boum, flup ! …Clounk. Accompagnés de leurs deux imposantes clarinettes basse, Pierre et Laurent (le premier, le Rochele) s’amusent l’un de l’autre, entrecroisent leurs voix rauques ou stridentes. Tout y passe. Chaque protagoniste use de son possible pour repousser les "limites morales" de son instrument. La clarinette devient une de ces flûtes croisées dans quelque pays d’Afrique, l’autre est retournée et jouée à l’envers pendant que chaque parcelle du grand tambour de Laurent (le deuxième cette fois, le Paris), se voit envahie par un tas de bidules allant du ballon de baudruche pleurnichard aux coquillages, aux pommes de pin, jouets et autres objets non identifiés. La musique de ce trio, c’est la marche d’un vieux pachyderme, le bourdonnement d’un vent, celui d’une mécanique organique, l’art abstrait du son qui évoque des images, les temps modernes d’une usine à bruitage. Si l’on souhaite prendre l’expression au pied de la lettre, la musique contemporaine est elle-même en retard face à l’improvisation, création instantanée de paysages sonores mouvants, en perpétuel renouveau. Quelques mélodies écrites tempèrent le jeu instinctif et sauvage des trois, exploitant la qualité espiègle de l’enfant qui peut, sans se lasser, jouer des heures durant avec un rien de matériel et s’inventer un monde passionnant. La fin du concert, comme la fin d’une prise de parole collective, passionnée, se fait naturellement dans l’hésitation ou l’assurance. "Peu importe, on apprend toujours à ne pas connaître la fin." || Quentin Daniel Quentin Daniel

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